Donald Trump a proposé jeudi 16 mars, dans son premier budget, une baisse drastique des ressources allouées à la diplomatie et au climat pour compenser une hausse spectaculaire de dépenses de défense. Ce budget n’a que très peu de chance d’être adopté en l’état par le Congrès mais décline en chiffres le programme du nouveau président des États-Unis qui se résume en un slogan: « l’Amérique d’abord ». La hausse de 54 milliards de dollars prévue pour la défense (près de 10 %) et les dépenses allouées à la sécurisation de la frontière avec le Mexique s’accompagneront d’une baisse marquée des ressources de la plupart des autres ministères et agences fédérales.
Le budget prévoit une baisse de 28 % des ressources du département d’État, en charge de la diplomatie de la première puissance mondiale. Il table aussi sur une réduction spectaculaire de 31 % des fonds alloués à l’Agence de protection de l’environnement (EPA), en pointe dans la lutte contre le changement climatique. Le magnat de l’immobilier propose d’amputer le budget de cette agence de 2,6 milliards de dollars, en particulier en supprimant quelque 3 200 postes, soit environ un cinquième du total. Il suggère par ailleurs de mettre fin à la participation américaine au Fonds vert de l’ONU pour le climat (Green Climate Fund).
Anti-environnement
Depuis son arrivée au pouvoir le 20 janvier, Donald Trump, qui a par le passé mis en doute la réalité du changement climatique, martèle sa volonté de supprimer nombre de règlementations fédérales sur l’environnement qu’il juge inutiles, affirmant qu’elles sont un obstacle aux créations d’emplois. Le Fonds national pour les arts supprimé. Selon ce projet, le financement de nombre de programmes fédéraux, tels que le Fonds national pour les arts (National Endowment for the Arts), serait purement et simplement supprimé. « En ces temps dangereux, ce budget de sécurité nationale est un message au monde, un message sur le force et la détermination de l’Amérique », indique Donald Trump en introduction de ce document d’un peu plus de 50 pages.
À 3,3 % du produit intérieur brut (PIB), soit près de 600 milliards de dollars, les dépenses militaires américaines restent à ce jour, de loin, les plus importantes du monde: elles sont près de trois fois supérieures à celles de la Chine, deuxième puissance militaire mondiale. « Il est clair que le niveau qu’ont atteint les dépenses du département d’État est intenable », a déclaré le nouveau chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, depuis Tokyo. « Nous allons faire beaucoup avec moins de dollars », a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que ce ne serait pas facile.
L’aide étrangère : pas de charité
La Maison Blanche assure que la réduction portera essentiellement sur l’aide internationale et que « les fonctions diplomatiques essentielles » du département d’État, qui compte quelque 70 000 employés et 250 ambassades et consulats, ne seront pas remises en cause. Selon le document, la contribution des États-Unis aux Nations unies « serait réduite » et les États-Unis ne contribueraient pas à « plus de 25 % des coûts des opérations de maintien de la paix ». Les contributions aux banques de développement, dont la Banque mondiale, seraient réduites de 650 millions de dollars sur trois ans. Le budget des centres nationaux de santé (National Institutes of Health, NIH), la plus grosse institution gouvernementale en charge de la recherche médicale, subirait une baisse de 5,8 milliards de dollars.
Longue bataille en vue avec le Congrès. La publication du document ne marque cependant que le début d’une longue bataille avec le Congrès car c’est lui, et non la Maison Blanche, qui tient les cordons de la bourse. Or si les deux chambres sont contrôlées par les républicains, la majorité et le président ne sont pas, loin s’en faut, à l’unisson. Plusieurs poids lourds républicains du Congrès ont déjà pris leur distance avec certaines propositions. « L’aide étrangère n’est pas de la charité », a ainsi souligné le sénateur Marco Rubio, estimant qu’elle était cruciale pour la sécurité nationale. L’élu démocrate du Kentucky John Yarmuth a dénoncé par avance mercredi un budget bâti sur « des coupes drastiques dans nombre de programmes qui protègent les Américains, que ce soit sur l’environnement ou la santé ». « Avec cette administration, il est difficile de dire ce qui relève du bluff complet et ce qu’il faut véritablement prendre au sérieux », a-t-il déploré.
Le document budgétaire, objet d’intenses spéculations depuis plusieurs semaines, mentionne aussi les premiers chiffres pour la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique pour freiner l’afflux de clandestins, promesse de campagne emblématique de Donald Trump. Une somme de 2,6 milliards de dollars est prévue pour le budget 2018. Ce colossal édifice qui devrait mesurer quelque neuf mètres de haut et s’étendre sur des milliers de kilomètres pourrait, selon les estimations, coûter entre huit et 40 milliards de dollars.