Balisage du fleuve Congo : une autre page d’histoire à écrire

Kinshasa a abrité les 26 et 27 avril au Centre d’accueil Caritas l’atelier sur les priorisations des passes de navigation à baliser sur le fleuve Congo et la rivière Kasaï. À l’issue des travaux, il a été formulé des recommandations spécifiques par commission et les recommandations transversales.

 

Trêve de sempiternels débats sans lendemains sur le balisage et l’état de navigabilité du fleuve Congo, dans son bief moyen entre Kinshasa et Kisangani, et de la rivière Kasaï pour passer à l’action de manière concrète ! Telle semble avoir été la volonté affichée par les participants (Régie des voies fluviales, armateurs et navigants) à l’atelier sur la priorisation des passes de navigation à baliser sur ces deux cours d’eau congolais organisé avec l’appui de l’Union européenne, à travers le Projet d’appui à la navigabilité des voies fluviales et lacustres en RDC (PANAV).

En effet, cela fait plus de 20 ans, pour diverses raisons, que le fleuve Congo n’est pratiquement plus correctement balisé. Le résultat principalement escompté au terme des échanges engagés pendant deux jours devrait être la localisation des passes réputées « dangereuses à la navigation » que sont les passes rocheuses, les passes divagantes, les passes à forte courbure, les passes étroites et les passes aux courants d’eau violents ; ainsi que la désignation des tronçons sur ces différentes passes, jugés « prioritaires » par les usagers des routes fluviales pour un balisage à court terme.

Les recommandations qui allaient en découler, étaient donc de mise. De quoi concourir à la production de cartes, assurément numériques, mises à jour. Étant donné que les cartes analogiques produites aujourd’hui par la Régie des voies fluviales (RVF) et utilisées par les navigants datent de l’époque coloniale.

L’UE à la rescousse de la RVF

Dans le cadre du 10è Fonds européen pour le développement (FED), la RVF a bénéficié pour un financement de 60 millions d’euros, de par le PANAV, de la réhabilitation de deux baliseurs, Lomela et Kauka ; de la réparation du baliseur Congo ; de la fourniture (en cours d’acquisition) de deux bateaux multifonctions ; de la réhabilitation de son chantier naval ; ainsi que de la fourniture de 13 canots hydrographiques. Il faut aussi mentionner, par ailleurs, la remise en l’état du réseau de signaux de rive et balises, mais aussi la fourniture de 300 bouées.

Afin d’assurer l’établissement et l’actualisation des albums de navigation à mettre à la disposition des usagers des voies fluviales, la réhabilitation et la mise en force du Centre de traitement des données (CTD) de la RVF se sont imposées. Au regard du chemin ainsi accompli par le PANAV dans l’appui à la RVF, Nicole Fisher, chef de la section infrastructures à la Délégation de l’UE de Kinshasa, n’a pas manqué de souligner et d’exhorter particulièrement les armateurs à s’approprier ce projet et d’amorcer des réflexions sur des actions à mener en vue de pérenniser les acquis du PANAV.

Le cœur à l’ouvrage

Sans nul doute, stimulés par l’inventaire, qui n’était certes pas exhaustif, de l’état d’avancement global des activités du PANAV présenté par François Blaize, coordonnateur de la Cellule de gestion de ce projet de l’UE, que l’assistance découvrira avec un réel étonnement, et pour ne pas être en reste, la cinquantaine de navigants et armateurs réunis à l’occasion de cet atelier se sont appliqués avec beaucoup de conscience en vue d’apporter leur contribution à l’ouvrage.

Des échanges et discussions dans les trois commissions qui ont été mises sur pied, à savoir la commission fleuve Congo, la commission rivière Kasaï et la commission cartographie, résulteront des judicieuses recommandations à l’intention de toutes les parties prenantes au projet PANAV. Ce sont notamment l’État congolais, la RVF, les armateurs, les navigants, la Cellule de gestion du projet et l’Union européenne. 

Toutefois, le balisage étant la préoccupation majeure de l’atelier, on notera qu’il a été recommandé pour le fleuve Congo, comme première priorité, le renforcement des balises cassées et de toutes les bouées disparues dans toutes les passes rocheuses ; le balisage en permanence de tous les pools (Malebo, Sandy Beach et Bolobo) et le balisage sur toutes les passes divagantes.

Et pour ce qui est de la rivière Kasaï, la première priorité à considérer, ce sont les travaux sur toutes les passes rocheuses de Kwamouth à Ilebo ; lesquels consistent en la remise en place des alignements, la reconstruction ou la réhabilitation des balises en « maçonnerie » ; le mouillage des bouées à certains endroits déterminés sur les tronçons sablonneux ; la réalisation de nouveaux levés bathymétriques par les hydrographes.

Quant à la cartographie, il sera révélé qu’un prototype de la carte électronique de navigation a été mise au point et est en train d’être testée à bord de baliseurs Kauka et Congo, avec de bons résultats. Certaines données sont en cours de collecte pour être intégrées dans les cartes de base en vue de leur finalisation. De l’avis de certains participants à la clôture de l’atelier, l’optimisme de voir cette autre page de l’histoire du balisage des voies navigables en RDC entamée s’écrire correctement selon les règles de l’art, réside dans la création d’un cadre de concertation entre les armateurs, les navigants, la RVF et la Cellule de gestion du projet pour le suivi et l’évaluation des résolutions dudit atelier afin de mener à bon port les actions arrêtées.