Une offre japonaise qui complique les calculs de Bolloré sur le Port de Matadi

La SCTP Sa a repris le trafic ferroviaire entre Kinshasa et Matadi depuis le 5 octobre et l’ITB Kokolo reprend les flots entre la capitale et Kisangani le 11 octobre 2019. Avis d’experts, l’ex-Onatra manifeste des signaux de viabilité en vue d’une prochaine mise en concession.

LE CHEF de l’État, Félix Antoine Tshilombo, a reçu des assurances du 1ER Ministre japonais, Shinzo Abe, de l’apport financier de Tokyo pour la réhabilitation sinon la construction de diverses infrastructures en marge de la 7ème édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, TICAD, fin août 2019. 

Si la presse présidentielle s’est focalisée sur les travaux de réparation du groupe G 24 d’Inga II ou encore l’élaboration de la cartographie minière de la R-dC ainsi que du système de surveillance des ressources forestières, d’autres sources notamment à la SCTP ex-Onatra font état de la volonté pressante du gouvernement japonais à moderniser le réseau ferroviaire et son pendant fluvial de la RDC. 

Il sied de rappeler que la France s’est inspirée de Tokyo pour moderniser le métro parisien. En RDC, l’Agence japonaise de coopération internationale, JICA, se serait ainsi engagée à financer les travaux de construction du nouveau port fluvial de Kinshasa à Maluku, à 50 km du centre-ville, ainsi que la voie ferrée qui partira de cette banlieue Est de la capitale vers le centre-ville kinois.  Ce projet viendrait, en effet, en addendum aux visées japonaises sur le principal port maritime du pays, Matadi. Les pourparlers sur le montage financier pour l’exécution de ces projets seraient même très avancés avec la JICA, rassure-t-on à la Société commerciale des transports et des ports. La coopération japonaise serait, en effet,  très intéressée par la modernisation du port maritime de Matadi ainsi que le chemin de fer Matadi-Kinshasa. Pour mémoire, du temps de Mobutu déjà, le groupe français Bolloré avait tenté un partenariat mais rejeté par l’alors Premier ministre Kengo Wa Dondo. 

En 2011, Bolloré est derechef revenu avec les mêmes ambitions. Cette fois, le refus est venu du banc syndical de l’ex-Onatra. Toutefois l’Agence française du développement a financé à hauteur de 1 million d’euro les études de faisabilité de divers partenariats au sein de la Société commerciale des Transports et des ports. Le ministère du Portefeuille a depuis lancé un appel pour la mise en concession de l’ex-Onatra en pièces détachées, ports, chemin de fer, et biens immeubles. Une firme sud-africaine se serait proposée pour reprendre la voie ferrée Kinshasa-Matadi. Le dossier n’a guère évolué, selon la mouvance syndicale.  

Par ailleurs, aucun chiffre n’a été avancé par la partie nippone sur la probable reprise du chemin de fer et de ports maritimes de l’ex-Onatra. Seule certitude, la venue à brève échéance d’une mission d’inspection de la délégation  japonaise en vue de l’élaboration d’une étude de faisabilité pour la matérialisation de ce projet. De l’avis des experts, les deux projets –port et chemin de fer de Maluku- s’inscrivent dans l’ambitieux projet d’intégration régionale chère au NEPAD, Nouveau partenariat pour lé développement. Ce projet consiste en la construction la construction d’une route, d’un pont de chemin de fer combiné entre Brazzaville  et Kinshasa et la connexion au futur chemin de fer Kinshasa – Ilebo. 

B-Ticad

La RDC compte, en effet, parmi les Etats africains par lesquels le Japon envisage d’augmenter sa présence en Afrique pour contrer l’influence des Chinois et des pays occidentaux sur le continent. C’est ce qu’a annoncé le site d’information Nikkei Asian Review, citant des sources officielles. D’après le média, cette nouvelle stratégie de l’État japonais passera par la création d’un conseil conjoint permanent entre le gouvernement et le secteur privé japonais. Celui-ci aura pour mission essentielle de promouvoir les investissements nippons sur le continent africain. 

Une nouvelle conférence réunissant des responsables gouvernementaux et des hommes d’affaires africains devrait également être créée. Baptisée B-TICAD, elle devrait se réunir deux ou trois fois par an. Les investissements japonais en Afrique restent marginaux face à de plus gros concurrents comme les chinois et les États-Unis. D’après les chiffres de la CNUCED publiés en 2015, le Japon investit par exemple sept fois moins en Afrique que les USA et six fois moins que la France. Il reste encore loin de la Chine, qui s’est imposée en 2017 comme le premier partenaire commercial de l’Afrique pour la 9ème année consécutive avec un volume d’échanges de 170 milliards de dollars.

D’après Tokyo, plus de 440 sociétés japonaises seraient présentes en Afrique contre environ 10 000 entreprises chinoises répertoriées par le cabinet McKinsey. Pour faciliter l’installation de ses entreprises dans les pays du continent, le Japon envisage de nouveaux accords de coopération.