Avant son départ, l’administration Trump s’en est prise une dernière fois à Huawei

Le président américain sortant semblait bien décidé à mettre des bâtons dans les roues des entreprises chinoises, et plus particulièrement au géant chinois des télécoms, jusqu’à la fin de son mandat, qui a pris fin le 19 janvier 2020.

L

’ADMINISTRATION Trump a ainsi décidé de frapper un grand coup en révoquant de nombreuses licences de vente à la société chinoise. De nombreux fournisseurs du géant chinois ne peuvent désormais plus lui vendre de matériel. Malgré les nombreuses sanctions à l’encontre du géant chinois des télécommunications, certaines entreprises avaient encore le droit de le fournir en matériel, à l’image d’Intel, sur qui Huawei se repose. Ce n’est désormais plus le cas. En plus de mettre un terme à la licence de plusieurs firmes, le Département du Commerce américain a également pris la décision de refuser « un nombre important de demandes de licences d’exportation vers Huawei ». 

Sur la liste noire

Au total, huit licences ont été retirées à quatre entreprises. En plus d’Intel, la société japonaise Kioxia Corps est elle aussi visée par l’une de ces révocations.

Cette décision est sans doute la dernière en rapport avec la guerre commerciale opposant la Chine et les États-Unis prise par le président sortant. Pour rappel, Huawei a grandement pâti de ce conflit, notamment en perdant des contrats majeurs avec Google pour l’exploitation du système d’exploitation Android. La firme a été contrainte de vendre sa division Honor, pourtant très prolifique, en conséquence de nombreuses mesures américaines auxquelles elle a dû faire face. Le déploiement de ses équipements 5G dans le monde souffre également beaucoup de ces sanctions. 

Bien que la plus affectée, Huawei n’est pas la seule entreprise chinoise victime des décisions de la Maison Blanche, qui a accéléré sa campagne pour freiner le développement des géants technologiques de l’Empire du Milieu. Récemment, les autorités américaines plaçaient sur liste noire Xiaomi, autre constructeur de smartphones très populaire dans le monde, ainsi que neuf autres entreprises chinoises.

Cette fameuse liste, qui complique grandement les activités commerciales des firmes qui y figurent, compte des dizaines d’entreprises, et pas des moindres. Comme le note Bloomberg, « elle regroupe notamment les trois plus grandes sociétés de télécommunications de Chine, son premier fabricant de puces, ses principaux réseaux sociaux, ses deux premiers fabricants de smartphones, son principal explorateur d’énergie en eaux profondes, son premier entrepreneur en aérospatiale militaire, son premier fabricant de drones et son principal fabricant de plans commerciaux ».

Donald Trump a beau être sur un siège éjectable à deux jours de l’inauguration de Joe Biden, en plus d’être visé par une nouvelle procédure d’impeachment, cela ne l’empêche pas de prendre un nombre effréné de décisions – par décret comme toutes les décisions de la Maison Blanche ou presque ces dernières années. Et c’est donc dans ce contexte que l’on apprend que le Département du Commerce vient de révoquer plusieurs licences à l’export, dont celle d’Intel.

La liste complète des entreprises concernées n’est pas connue, mais une douzaine de demandes en souffrance seraient également rejetées. L’administration Donald Trump s’est engagée dans une violente guerre commerciale contre la Chine dès le début de son mandat. Huawei, symbole de la réussite chinoise, et très en pointe sur des technologies jugées stratégiques comme la 5G, s’est immédiatement retrouvé au cœur de la tempête.

Les États-Unis ont ainsi placé placé Huawei aux côtés d’autres firmes chinoises telles que ZTE sur une liste d’Entités avec lesquelles les entreprises américaines n’ont plus le droit de commercer. Le Département du Commerce américain a ensuite commencé à délivrer des licences dérogatoires pour éviter que les sanctions ne le soient aussi pour les firmes américaines, lorsque la fourniture en composants ne concerne pas des équipements en lien avec les technologies 5G.

Cette nouvelle salve de sanctions semble la plus lourde jamais prononcée à ce stade contre la firme. Huawei développe depuis un certain temps des alternatives aux services et technologies américaines. Mais ces dernières ne semblent pas encore tout à fait prêtes à complètement se substituer aux solutions actuelles. On peut ici citer les efforts de Huawei autour de son OS mobile Harmony OS 2.0 dont les premières Developers Preview sont disponibles.

Les conséquences de long terme de cette dernière salve de sanctions ne sont pas claires. Joe Biden a pris en effet ses fonctions le mercredi 20 janvier 2021, et même si l’on s’attend à une certaine continuité sur les relations avec la Chine, il n’est pas dit que la nouvelle administration se sente vraiment liée par des décisions prises à la hâte à la fin d’une présidence si sulfureuse. 

Alliance tricontinentale

À qui va profiter l’alliance tricontinentale anti-Huawei dans la 5G et au-delà ? Une alliance tricontinentale se dresse contre Huawei. Elle associe les États-Unis, le Royaume-Uni et le Japon, trois des pays les plus hostiles au grand équipementier chinois des télécoms. Les États-Unis, le Royaume-Uni et le Japon auraient convenu de collaborer pour favoriser l’émergence de nouvelles alternatives à Huawei dans la 5G et au-delà. Une alliance qui pourrait aider les équipementiers japonais NEC et Fujitsu à revenir en force sur le marché. Mais pas seulement. La géopolitique continue à rebattre les cartes dans les télécoms. 

Entretemps, les réseaux 4G/5G de Huawei ne seront plus installés au Royaume-Uni. Cela fait quelque temps que le gouvernement britannique envisageait de ralentir l’avancée de Huawei sur son territoire pour développer son propre réseau de communication. Le gouvernement britannique a décidé de stopper et de supprimer l’installation des antennes Huawei dans le territoire dès septembre 2021. 

Le constructeur chinois est dorénavant dans l’incapacité d’installer des antennes pour les réseaux 4G et 5G au Royaume-Uni. Le géant chinois avait bataillé pendant de longues semaines pour garder les parts du marché 5G dans le territoire britannique mais cela n’a pas empêché les Britanniques de prendre une décision. 

Celle-ci intervient peu de temps après que l’Amérique ait mis la pression sur Boris Johnson, le 1ER Ministre du Royaume-Uni, alors qu’il avait plafonné l’utilisation des réseaux de Huawei à 35 %. 

Samsung a d’ailleurs stoppé toute collaboration depuis le 15 septembre 2020 avec Huawei afin de suivre les décisions prises par les États-Unis. « Cela est un coup de massue pour la population qui possède des téléphones. Cela menace de faire passer la Grande-Bretagne sur une avancée beaucoup plus lente, d’augmenter les factures… », a déclaré Edward Brewster, le porte-parole de Huawei UK dans un communiqué.

Le Royaume-Uni devra donc compter sur lui-même. Néanmoins, le gouvernement britannique se penche aussi sur des constructeurs tels que Samsung, Ericsson, Nokia et NEC pour les accompagner dans cette transition. Les antennes de communication de Huawei seront supprimées en 2027. Cela va coûter au gouvernement britannique près de deux milliards de livres, soit 2.235 milliards d’euros. D’ailleurs, la 5G sera automatiquement retardée de quelques mois.

En ce qui concerne Ericsson, le constructeur a déjà deux contrats avec BT, un opérateur très connu au Royaume-Uni qui fournit les divers réseaux téléphoniques 4G/5G. Cette collaboration permettra de propager la 5G à Londres, Édimbourg, Belfast et Cardiff dans les mois à venir. Nokia devrait quant à lui participer à la propagation de la 5G en Grande-Bretagne, toujours avec British Telecom. Ainsi, Ericsson aurait installé 37 % des antennes tandis que Nokia en posséderait 63 %. À la base, les constructeurs devaient se partager de moitié la part des antennes 5 G. « Nous souhaitons le retrait complet des fournisseurs à haut risque de nos réseaux 5G équipés de la technologie Huawei. Nous identifierons les équipements des télécommunications qui constituent une menace pour notre sécurité nationale et les supprimerons », a déclaré Oliver Dowden, le secrétaire au Numérique, dans un communiqué.