Comme pour le cobalt, le prix du cacao s’emballe toujours

C’est devenu une coutume, la consommation de chocolat atteint des pics dans de nombreux pays à la Pâques. Après avoir bondi de 35 % au premier trimestre, le cours de la fève est passé début avril à 2 647 dollars la tonne, soit son niveau le plus élevé depuis 2016. 

 

Pour le moment, le cacao est soutenu par le temps sec qui sévit en Côte d’Ivoire et au Ghana. Ces deux pays fournissent, à eux seuls, 60 % du cacao consommé dans le monde. Cependant, ce climat fait craindre un ralentissement de la production. Selon RFI, les prix du cacao sont actuellement dopés par la demande européenne. L’Europe a consommé des quantités record de cacao au premier trimestre. L’embellie des cours se poursuit, ils sont au plus haut depuis plus d’un an et demi. Avec près de 3 % de hausse, l’envolée des cours du cacao s’est poursuivie à Londres (2 112 euros) comme à New York (2 728 dollars). Une réaction à la consommation record de cette matière première entre janvier et mars, en Europe occidentale, dont bien sûr la Suisse : 358 400 tonnes de fèves ont été broyées dans la première zone de consommation de chocolat. On a battu le précédent record de 2011. C’est la plus forte croissance de consommation de cacao en Europe depuis cinq ans. Plus 5,5 % alors qu’on attendait une progression de 2 à 4 % seulement, c’est d’ailleurs ce qui explique la forte envolée des cours de ces derniers jours. Selon RFI toujours, ces quantités record de broyages européens, au premier trimestre, on les doit aux marges très attractives qui s’offraient aux industriels, entre les prix actuellement élevés du beurre de cacao et les prix faibles auxquels ils avaient acheté les fèves l’an dernier. Des marges au plus haut depuis dix ans ! Une consommation opportuniste, donc, qui pourrait ne pas se confirmer au deuxième trimestre 2018 puisque la fève coûte actuellement beaucoup plus cher. Attention au repli des cours qui pourrait alors s’en suivre, avertissent les analystes de Commerzbank.

Les paris des investisseurs

Les prix du cacao ont déjà gagné 40 % depuis le début de l’année. Les cours sont au plus haut depuis un an et demi sur les marchés à terme. D’autant que les entrepôts de ces marchés financiers compensent en ce moment l’absence de fèves de qualité en Afrique de l’Ouest. Notamment parce que la Côte d’Ivoire a vendu par anticipation plus de fèves qu’elle n’en a récoltées et parce que les États-Unis ont importé plus de cacao africain pour compenser leur embargo sur les fèves d’Équateur, contaminées par une herbe toxique, rappelle Commodafrica.

Les investisseurs parient comme jamais depuis deux ans sur le cacao. Est-ce le pic avant un nouveau plongeon ? Les avis divergent. La météo sera déterminante. Le retour du Niño et donc de la sécheresse dans les vergers ouest-africains soutiendrait les prix. Mais il n’est pas du tout certain. Plus proche de nous, des chiffres décevants de broyages aux États-Unis ou en Asie donneraient un signal à la baisse.