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N DÉBUT de semaine, les métaux précieux étaient pourtant vivement recherchés, en partie grâce à l’affaiblissement du billet vert. Le prix de l’once de platine a progressé la semaine dernière, bondissant même le jeudi 21 janvier 2021 à son plus haut niveau depuis près de quatre ans et demi, à 1 154,91 dollars. « Nous pensons que le platine est (le métal précieux) avec le plus de potentiel cette année », estime Georgette Boele, analyste chez ABN Amro. D’après elle, le métal parfois utilisé comme un substitut à l’or profitera de la reprise de la croissance chinoise et donc d’une demande de bijouterie accrue. Le platine est également utilisé pour concevoir des catalyseurs de moteurs, et bénéficiera de régulations accrues sur les émissions, juge l’analyste.
Le bond momentané des cours le jeudi dernier n’a cependant pas duré, et le platine s’échangeait pour 1 107,60 dollars l’once, contre 1 075,24 dollars le vendredi précédent à la clôture. « Le timing du bond des cours était surprenant », explique Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank, qui estime que les prévisions plus optimistes sur la production en Afrique du Sud, premier producteur mondial, devraient conduire à un marché plus équilibré.
Le nickel au top
Le nickel a connu une semaine comparable au platine, s’appréciant sur la semaine et touchant le jeudi un niveau de prix plus vu depuis septembre 2019, à 18 515,00 dollars la tonne.
Le marché du « métal du diable » a beau être excédentaire, « les craintes sur les approvisionnements en provenance des Philippines, de Nouvelle-Calédonie et d’Indonésie » jouent en sa faveur, rapporte le CyclOpe, ouvrage de référence annuel sur l’ensemble des marchés des matières premières publié le mercredi 20 janvier 2021. La production a pourtant dépassé la demande apparente de 53 600 tonnes de janvier à novembre 2020, selon les derniers chiffres du Bureau mondial des statistiques sur les métaux (WBMS) publiés le même mercredi. Mais les perspectives de croissance des véhicules électriques, dont certaines technologies de batteries utilisent du nickel, restent un facteur important de soutien pour les prix. Sur le London Metal Exchange (LME), la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s’échangeait à 18 265,00 dollars le vendredi 22 janvier 2021, contre 18 007,00 dollars le vendredi précédent à la clôture.
Après une performance décevante au second semestre 2020, le secteur aurifère pourrait reprendre la tendance haussière amorcée en 2016. L’or a été l’une des classes d’actifs les plus performantes en 2020 avec une appréciation de 20 %. Sur l’ensemble de l’année, les actions aurifères inclues dans l’ETF VanEck Vectors Gold Miners (GDX) ont progressé de 32 %.
Après une baisse brutale en mars, les actions aurifères avaient fortement rebondi au deuxième trimestre alors que l’or atteignait le niveau de 2 000 dollars l’once pour la première fois. Mais depuis le mois d’août, le secteur a sous-performé les principaux indices actions. En ce début d’année, le secteur semble avoir le vent en poupe avec notamment une forte progression lors de la première session de 2021. Certains facteurs macro- et micro-économiques militent en faveur de la poursuite de ce mouvement haussier.
Le rebond des valeurs aurifères en ce début d’année peut être attribué au basculement du Sénat américain vers le parti démocrate après le second tour des élections dans l’État de Géorgie. Le parti de Joe Biden a désormais tous les pouvoirs en mains – Maison blanche, chambre des représentants et Sénat – ce qui augmente les chances d’un soutien budgétaire plus important que si le parti républicain avait conservé sa majorité au Sénat.
Avec cette vague bleue, les déficits « jumeaux » (budget et balance des paiements) pourraient s’aggraver aux États-Unis, ce qui devrait peser sur le dollar et donc permettre à l’or de continuer son mouvement haussier. Ce scénario est favorable aux actions aurifères. En effet, il existe une corrélation élevée entre l’or et les valeurs minières – même si cette corrélation n’est pas stable dans le temps. Historiquement, les actions aurifères ont permis de jouer la hausse de l’or avec un effet de levier. Les sociétés aurifères vont très certainement être incitées
à augmenter de nouveau leurs capacités de production.
La pause pour l’or noir
L’heure est toujours à la pause sur les marchés pétroliers, où les opérateurs font preuve de prudence face à la révision baissière des perspectives de demande à cause de la résurgence des cas de contaminations au Covid-19. La reprise de la consommation de pétrole n’est ainsi attendue qu’à partir du deuxième semestre 2021, de quoi affecter l’optimisme de certains investisseurs.
Le prix du Brent se maintient néanmoins au-dessus de 54.5 dollars, contre 51.5 pour le WTI. Les deux cours de référence de l’or noir ont évolué la semaine dernière à des niveaux comparables à ceux de fin février dernier, avant les premiers gros chocs provoqués par la pandémie de Covid-19.
« Le nombre de cas de Covid-19 en Chine constitue la principale préoccupation des investisseurs en matière de demande », souligne Stephen Innes, analyste d’Axi. De petits foyers ont émergé dans le Nord du pays ces dernières semaines. « Et l’annonce de nouvelles restrictions de mobilité pour les voyages du Nouvel An lunaire (11-17 février) pèse lourd sur les marchés en termes d’impact sur la consommation de brut », selon Innes.
Un prix du pétrole en hausse encourage la transformation de la canne à sucre en éthanol, qui devient plus compétitive face à l’or noir, et réduit donc l’offre de sucre sur le marché. La plupart des observateurs prévoient maintenant un déficit sur le marché du sucre pour la saison 2020/21 en cours. À Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars valait 444,30 dollars, contre 461,70 dollars le vendredi précédent à la clôture. À New York, la livre de sucre brut pour livraison au même mois valait dans le même temps 15,88 cents, contre 16,45 cents sept jours auparavant.