La Banque centrale salue les effets positifs du Pacte de stabilité économique et monétaire

Pour la BCC, l’évolution favorable des principaux indicateurs de la conjoncture ne devrait pas inciter à un « relâchement de la discipline » au niveau des pouvoirs publics. La discipline, c’est l’observance stricto sensu de l’entente qui lie les ministères du Budget et des Finances à l’Institut d’émission.

DAVID LUYEYE

PRUDENCE. C’est le mot clé de la politique monétaire de la banque des banques. Certes, le cadre macroéconomique retrouve peu à peu les rivages de la stabilité depuis quelques mois, grâce au respect du Pacte de stabilité économique et monétaire conclu entre les ministères du Budget et des Finances, d’une part, et la Banque centrale, d’autre part, sous l’autorité de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ERMinistre sortant, dans le cadre des mesures gouvernementales prises dans le cadre de la crise sanitaire pour en atténuer les effets néfastes sur l’activité économique. Mais, à cause de la deuxième vague de la pandémie de Covid-19 dans le monde qui perturbe le commerce international, la République démocratique du Congo n’est pas à l’abri de tous risques. En effet, il s’observe notamment une forte pression des dépenses publiques, une faible attractivité des bons du Trésor, et les effets néfastes du Covid-19 sur l’économie nationale se font toujours sentir. 

Toutefois, si la tendance favorable actuelle du cadre macroéconomique se poursuit, la Banque Centrale du Congo (BCC) envisage d’abaisser « dans les prochains mois » son taux directeur (taux d’intérêt) « consécutivement au niveau de l’inflation projetée ». En même temps, elle va procéder aux « opérations d’adjudication de refinancement à l’instar de ce qui est fait sur les devises et le bon BCC ». Ce sont là les principales mesures issues de la réunion, la première de l’année, du Comité de politique monétaire (CPM) de la BCC tenue le mardi 16 avril 2021.

Refinancement

Refinancement, le mot est lâché. Pour les initiés, cela signifie que la Banque centrale va acheter des titres représentatifs de la dette publique sur le marché primaire ou secondaire afin de faire baisser ou de contenir les taux d’intérêt et donc de permettre au Trésor d’emprunter dans de meilleures conditions sur les marchés financiers. Elle ne va donc pas financer l’intégralité du déficit budgétaire, forçant ainsi le gouvernement à recourir aux marchés financiers pour couvrir le solde de ses besoins ou à la planche à billets (ce qui est interdit). 

Lorsqu’une Banque centrale achète des obligations d’État sur le marché primaire, elle crée néanmoins de la monnaie de façon indirecte. En effet, elle paye les titres qu’elle acquiert au moyen de liquidités qu’elle crée ex nihilo. Le Trésor va utiliser une partie de cet argent frais pour payer ses fonctionnaires ou ses créanciers nationaux (fournisseurs). Les comptes bancaires de ces derniers vont donc être crédités des sommes en question, ce qui fait gonfler la masse monétaire. Lorsqu’une Banque centrale achète les titres obligataires sur le marché secondaire, le lien avec la création monétaire est plus tenu, car les liquidités ainsi créées vont se déverser sur les marchés financiers au profit des vendeurs de ces titres (banques, assurances, fonds de pension…). 

Ramener à la situation monétaire en RDC, il s’observe jusqu’au 11 février 2021 une hausse mensuelle de la base monétaire de 81,8 milliards de nos francs, la situant à 3 965,3 milliards. La BCC justifie cette expansion monétaire principalement par la hausse des avoirs intérieurs nets de 122,2 milliards, plus particulièrement les créances sur les banques. L’encours global du bon BCC a baissé de 7,5 milliards, s’établissant à 7,5 milliards, marquant une injection mensuelle de 7,5 milliards. La hausse du refinancement et le recul de l’encours du refinancement sont le fait du « niveau bas de la liquidité bancaire observé depuis plusieurs mois ».

C’est ainsi que le CPM a décidé de maintenir inchangé le dispositif de sa politique monétaire. Le taux directeur demeure donc à 18,5 %. Les coefficients de la réserve obligatoire sur les dépôts en devises à vue et à terme sont maintenus respectivement à 13 % et 12 %. Tandis que les coefficients pour les dépôts en monnaie nationale à vue et à terme à 0 %. Se fondant sur les dernières données de production à fin septembre 2020, le CPM estime que la croissance du PIB réel devrait se situer à 0,8 % en 2020, grâce au dynamisme de l’activité extractive. Elle devrait s’établir à 3,2 % en 2021. 

En janvier dernier, le baromètre de conjoncture montre que l’optimisme des chefs d’entreprises s’est consolidé en ce qui concerne l’évolution de la conjoncture économique à court terme. En effet, note le CPM, le solde d’opinions brut s’est établi à +9,4 % venant de +9,0 % et 4,3 % respectivement en décembre et novembre 2020. La perception des chefs d’entreprises quant à l’évolution de l’activité est demeurée favorable dans toutes les branches d’activités.

Inflation sous contrôle

Sur le marché des biens et services, les prix intérieurs sont sous contrôle. Le taux d’inflation a connu une décélération en se situant à 0,367 % en janvier dernier, contre 0,784 % en décembre 2020. En glissement annuel, le taux d’inflation s’est établi à 15,704 % alors qu’en annualisé, il atteindrait 4,881 % face à l’objectif à moyen terme fixé à 7,0 %. À mi-février 2021, la variation hebdomadaire de l’indice national des prix à la consommation (INPC) est à 0,082 %, portant l’inflation en glissement annuel à 16,515 %. L’inflation devrait se situer à 5,5 % en 2021.

Le marché des changes, quant à lui, a été caractérisé par la poursuite de la stabilité interne et externe du franc congolais. En janvier dernier, le taux de change s’est situé à USD 1 = CDF 1 979 à l’indicatif et USD 1 = CDF 2 016,3 au parallèle. Comparé à décembre 2020, la monnaie nationale s’est dépréciée de 0,4 % à l’indicatif, contre une appréciation de 0,2 % au parallèle. En ce qui concerne les réserves de change, elles se sont établies à 692,94 millions de dollars à fin janvier dernier.

Évidemment, la situation monétaire a une incidence certaine sur les finances publiques. La balance des opérations financières de l’État à fin janvier dernier affiche un solde déficitaire de 29,4 milliards résultant des recettes de l’ordre de 530,6 milliards et des dépenses de 560,1 milliards. Une quotité des ressources tirées des appuis budgétaires du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque africaine de développement (BAD), soit 57,8 milliards, a permis de financer ce déficit de trésorerie ainsi que le remboursement des bons du Trésor échus à hauteur de 28,4 milliards dans un contexte d’émissions nettes négatives.

La première réunion ordinaire de l’année 2021 du CPM a jeté aussi un regard sur le plan international. Les perspectives de l’économie mondiale du FMI publiées en janvier 2021 font état d’une reprise de l’économie mondiale, avec un taux de croissance estimé à 5,5 % cette année. Un taux en hausse de 2,0 points comparé au niveau de 2020 en dépit de la persistance des incertitudes liées à la pandémie de Covid-19. On s’attend à ce que l’activité s’affermisse au cours de l’année grâce aux vaccins et sous l’impact des mesures de soutien supplémentaires dans un petit nombre de grands pays.

Il s’observe sur marchés mondiaux que les principaux cours des matières premières exportées par la RDC se sont inscrits globalement à la hausse en janvier dernier. Les cours de cuivre et du pétrole se sont fixés en moyenne à 7 927,55 dollars la tonne métrique et 55,47 dollars le baril de Brent, enregistrant des progressions de 2,25 % et 10,51 % en référence à leurs niveaux de décembre 2020. Quant au cobalt brut et l’or, les cours se sont situés en moyenne à 37 624 dollars la tonne métrique et 1 869,18 dollars l’once, enregistrant des progressions respectives de 17,96 % et 0,66 %.