Le gouvernement se préoccupe de l’avenir de la CVM après le départ de Dredging International

La Congolaise des voies maritimes se trouve à un tournant de son histoire. La conjoncture difficile sur le plan économique, la redoutable concurrence à laquelle les ports de Boma et de Matadi doivent faire face, ses propres faiblesses structurelles liées à la vétusté de ses équipements lui imposent de se soumettre à une réadaptation et à une profonde modernisation.

PLUS DE DEUX mois après sa visite au port de Boma pour présider personnellement la cérémonie de remise de la drague « Manzanillo 2 » à la Congolaise des voies maritimes (CVM), Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre déjà sur le départ, a réuni à la Primature le lundi 15 février 2021 deux ministres (Portefeuille et Transports et Voies de communication), le comité de direction de l’entreprise publique CVM, le représentant de la firme Dredging International, partenaire de la CVM, le président de la délégation syndicale de la CVM et l’administrateur délégué de la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Au menu de séance de travail : Sylvestre Ilunga Ilunkamba voulait se rassurer que les activités de dragage du bief maritime du fleuve Congo vont se poursuivre, maintenant que Dredging International, spécialisé dans le balisage maritime, a souhaité mettre fin à son partenariat avec la CVM. 

Le comité de direction de la CVM a rassuré le 1ER Ministre que ces activités vont se poursuivre avec la drague « Manzanillo 2 » dont le gouvernement a facilité l’acquisition pour le compte de la CVM. Pour cela, il y a des préalables : faire la mutation des titres de la drague, former les agents pour sa bonne utilisation et le respect des délais pour la résiliation du contrat avec Dredging International. 

Il faut dire que Sylvestre Ilunga Ilunkamba s’est personnellement impliqué dans le financement de l’acquisition d’une drague, un important outil de travail pour la CVM. En effet, le gouvernement a cédé la créance de l’État de 5 millions d’euros à la CVM sur le préfinancement de la première campagne de dragage complémentaire dans le cadre du partenariat avec Dredging International. Et sur l’insistance du 1ER Ministre, le crédit sollicité auprès du Fonds de promotion de l’industrie (FPI) de 5 millions de dollars a été accordé en juin 2020.

Le plan d’action

La visite du 1ER Ministre au port de Boma le 2 décembre 2020 a suscité moult espoirs pour le personnel de l’entreprise. En effet, la CVM est confrontée à de multiples difficultés : arriérés des salaires, manque d’équipements, etc. Par exemple, en plus de la taxe à la navigation maritime, le gouvernement avait instauré une redevance maritime de 2,47 dollars la tonne pour financer le balisage du bief maritime qui ouvre sur les trois ports internationaux de la RDC, Banana, Boma et Matadi. 

Les opérateurs économiques s’étaient fortement opposés à cette redevance, sous prétexte que la CVM ne leur rendait aucun service en contrepartie. Pourtant, les recettes rapportées par la taxe à la navigation n’étaient vraiment que du menu fretin faute de navires utilisant le bief maritime national. En effet, les armateurs préfèrent encore le port de Pointe-Noire en République du Congo aux ports de Boma et de Matadi en République démocratique du Congo. 

C’est pour cela que le gouvernement s’est ouvert au partenariat public-privé entre la CVM et Dredging International pour le balisage du bief maritime. Le contrat de partenariat était de 10 ans. Dredging International a réalisé trois activités de balisage sur le bief maritime. Mais la CVM tenait à avoir une drague en propre. La dernière acquisition remonte à plus de 41 ans. 

Le comité de gestion de la CVM dirigé par Christine Tusse a pris le pari de viabiliser l’entreprise, surendettée et en cessation des paiements. L’activité de la CVM repose essentiellement sur l’entretien du bief maritime. Mais l’insuffisance de la capacité d’exploitation a imposé à la société, pour une couverture plus large de sa sphère d’exploitation, de recourir à la location de l’outil de travail pendant plusieurs années. En acquérant un outil de travail moderne, la Manzanillo 2, quoique d’occasion, la CVM se devait de se remettre au travail, avec l’effet d’améliorer le rendement de la société, ont promis dirigeants et travailleurs.

Un pôle stratégique

Les ports de Boma et de Matadi forment un pôle stratégique pour l’économie du pays. L’exploitation du bief maritime connaît depuis plusieurs années un affaiblissement caractéristique de la crise actuelle. Pourtant, le rôle et l’apport de la CVM dans l’économie nationale sont primordiaux, comme l’a souligné, Atu Matubuana, le gouverneur de la province du Kongo-Central. « À cause de la vétusté de ses équipements, la CVM ne pouvait plus offrir à la navigation des calaisons (différence de tirant d’eau d’un navire, selon le chargement qu’il porte ou profondeur d’un navire du premier pont au fond de la cale) stables et conformes à la demande des armateurs », a-t-il rappelé. 

Et de poursuivre : « À l’ère du développement des autres ports d’Afrique, la RDC doit à tout prix éviter la marginalisation de ses ports maritimes. Pour cela, des réformes structurelles et techniques sont indispensables afin de créer des conditions propices pour attirer et sécuriser les opérateurs économiques maritimes en RDC. Cela passe nécessairement par l’amélioration des conditions de navigation dans le bief maritime et l’efficacité dans le traitement des navires et des marchandises à quai. »

Face à ces challenges, la CVM se doit d’améliorer ses performances à travers la réhabilitation et la modernisation de son outil de travail, particulièrement la drague. C’est dans cette optique que le gouvernement a inscrit, d’ailleurs, dans le Budget 2021 l’acquisition d’une drague neuve et d’un dock (entrepôt pour les marchandises) flottant. Dans le cadre du protocole d’accord tripartite (gouvernement-CVM et syndicat) signé en octobre 2019, les travailleurs ont mis en avant la réhabilitation de l’outil de travail plutôt que leurs conditions de vie. Et le gouvernement s’est engagé donc à doter, dans un premier temps, l’entreprise d’une drague d’occasion, certes, mais puissante. 

Légère décélération du rythme de formation des prix intérieurs

P. D.

Le comité de conjoncture économique s’est réuni à nouveau le mercredi 17 février 2021 autour du 1ERMinistre à la Primature pour passer en revue la situation économique et monétaire du pays. L’évolution des principaux indicateurs économiques montre une décélération du rythme de formation des prix intérieurs durant la deuxième semaine de février. Le taux d’inflation national hebdomadaire s’est situé à 0,082 %, contre 0,090 % la semaine précédente. Cette inflation est l’effet de la hausse des prix de certains produits alimentaires et pharmaceutiques. 

Quant au taux de change, il s’est observé une stabilité relative du franc congolais à l’indicatif et une légère dépréciation de 0,45 % au parallèle face au dollar, comparé à la semaine précédente. Soit USD 1 = CDF 1 980,77 à l’indicatif et USD 1 = CDF 2 024,50 au parallèle, après respectivement USD 1 = CDF 1 980,35 et USD 1 = CDF 2 021,33 la semaine d’avant. 

Par ailleurs, le stock des produits pétroliers détenus par Sep Congo pour couvrir la partie ouest du pays en janvier 2021 a été en baisse de 16,4 %, comparé à décembre 2020. Par contre, le stock des produits alimentaires importés, lui, a été en hausse de 42,8 % en janvier dernier, comparé à décembre 2020. En ce qui concerne l’enquête du baromètre de conjoncture, Au mois de janvier 2021, les résultats indiquent une consolidation de l’optimisme affiché par les chefs d’entreprises concernant l’évolution de la conjoncture économique à court terme. 

Les prix de cuivre, cobalt, zinc, étain, manganèse et or ont augmenté tandis que celui de l’argent a baissé sur les marchés mondiaux.