La situation en Afrique du Sud inquiète l’OMS

La RSA est pour le moment le quatrième pays le plus touché au monde par la pandémie, derrière les États-Unis, le Brésil et l’Inde. La tendance à la hausse des cas de contamination dans ce pays devrait pousser le reste du continent africain à renforcer la surveillance du virus.

L’ORGANISATION mondiale de la santé (OMS) met à nouveau en garde contre les relâchements face au nouveau coronavirus alors que la pandémie a déjà causé plus de 15 millions de contaminations, dont près de 620 000 décès dans le monde. « Tant que la Covid-19 circule, tout le monde est en danger », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS. Il a encore pris la parole la semaine dernière pour mettre les gens en garde sur les effets de la pandémie de coronavirus. « Ce n’est pas parce que le nombre de cas est faible là où vous vivez que vous pouvez baisser votre garde. Ne vous attendez pas à ce que quelqu’un d’autre vous mette en sécurité », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle organisée depuis Genève. Le directeur général de l’OMS a invité tout le monde à jouer son « rôle pour nous protéger et nous protéger les uns les autres ».

Rassemblements

Ce nouvel avertissement intervient alors que l’agence onusienne a constaté ces dernières semaines que certains foyers de transmission ont été associés à « des boîtes de nuit et autres rassemblements sociaux », et même dans « des endroits où la transmission avait été supprimée ». « Nous devons nous rappeler que la plupart des gens sont encore sensibles à ce virus », a insisté le Dr. Tedros, même s’il admet que la pandémie a perturbé la vie de milliards de personnes dans le monde. « Beaucoup sont chez elles depuis des mois. Il est tout à fait compréhensible que les gens veuillent reprendre leur vie en main », a poursuivi le directeur général de l’OMS.

Toutefois, « le meilleur moyen de supprimer la transmission de la Covid-19 et de sauver des vies est « d’amener les individus et les communautés à gérer leurs propres risques », souligne l’OMS. Des questionnements et une attitude qui ont le don de rappeler que « nous ne reviendrons pas » de sitôt à la « vieille normalité ». « La pandémie de Covid-19 a déjà changé notre façon de vivre », a ajouté le Dr Tedros. Dans ces conditions, s’adapter à la « nouvelle normalité » consiste, en partie, à trouver « des moyens de vivre en toute sécurité ». 

Chacun de nous devra «considérer les décisions concernant l’endroit où il va, ce qu’il fait et les personnes qu’il rencontre comme des décisions de vie ou de mort – parce qu’elles le sont ». Ce n’est peut-être pas votre vie, mais vos choix peuvent faire la différence entre la vie et la mort pour quelqu’un que vous aimez ou pour un parfait étranger », a-t-il fait remarquer. Mais pour venir à bout de la maladie, l’OMS met en avant « deux piliers essentiels », à savoir « le leadership politique et l’engagement communautaire ». 

L’un des outils que les gouvernements peuvent utiliser est la loi – non pas pour contraindre, mais pour protéger la santé tout en protégeant les droits de l’homme. Car « des lois bien conçues peuvent aider à mettre en place des systèmes de santé solides, à évaluer et à approuver des médicaments et des vaccins sûrs et efficaces, et à appliquer des mesures visant à créer des espaces publics et des lieux de travail plus sains et plus sûrs ».

En revanche, « des lois mal conçues, mal appliquées ou mal mises en œuvre peuvent nuire aux populations marginalisées ». « Elles peuvent aussi « renforcer la stigmatisation et la discrimination et entraver les efforts visant à mettre fin à la pandémie », a rappelé le Dr Tedros.

Dans une conférence de presse virtuelle depuis Genève, Michael Ryan, le directeur des situations d’urgences sanitaires à l’OMS, a pour sa part déclaré : « L’Afrique du Sud peut malheureusement être un avertissement pour ce qui va se passer dans le reste de l’Afrique. Je pense donc que nous devons prendre très au sérieux ce qui se passe en Afrique. » Au-delà de la situation sud-africaine, l’OMS y voit un signal sur les défis auxquels seront confrontés les pays africains. « Si des mesures urgentes ne sont pas prises, je suis très préoccupé par le fait que nous commençons à voir une accélération de la maladie en Afrique, et nous devons tous prendre cela très au sérieux », a dit Michael Ryan. Rien à faire : il faut faire preuve de solidarité envers les pays concernés.

Plus de 5 000 décès

L’Afrique du Sud a franchi la barre des 5 000 morts le dimanche 19 juillet. Et plus de 191 000 personnes sont aujourd’hui considérées comme guéris en Afrique du Sud. Certains pays d’Afrique australe et orientale ont également signalé une augmentation significative du nombre de cas ces derniers jours. Selon l’OMS, la progression a atteint 31% au Kenya, 26 % en Éthiopie, 50 % à Madagascar, 57 % en Zambie, 69 % en Namibie et 66 % au Botswana. Le Botswana a, par exemple, recensé 39 cas le 7 juillet dernier et ce chiffre est passé à 85 le 13 juillet avant d’atteindre les 123 cas confirmés le 17 juillet.

Au total, l’OMS signale que le Botswana a 522 cas confirmés dont 1 décès, le Kenya (13 353 cas confirmés dont 234 décès), la Namibie (1 247 cas confirmés avec 3 décès), la Zambie (2 980 cas confirmés dont 120 décès) et le Zimbabwe (1 611 cas confirmés dont 25 décès). « Même si le nombre de cas dans ces autres pays est plus faible pour l’instant, je pense que nous commençons à observer une accélération continue de la transmission dans un certain nombre de pays d’Afrique subsaharienne et je pense que cela doit être pris très, très au sérieux », a ajouté le Dr Ryan. Après l’Afrique du Sud, les pays les plus touchés sur le continent africain sont l’Égypte, l’Algérie, le Nigeria, le Cameroun, le Maroc et le Ghana.

L’Afrique et l’Océanie sont les continents les moins touchés par la maladie. Mais avec plus de 722 281 cas confirmés de Covid-19, dont plus de 15 220 décès et au moins 383 632 patients considérés comme guéris, l’Afrique est le deuxième continent le moins touché derrière l’Océanie. Les continents les plus touchés sont les Amériques avec plus de 7 584 675 cas et plus de 309 309 décès et l’Europe avec plus de 3 089 641 cas et plus de 207 641 morts.

La pandémie de Covid-19 a fait au moins 603 691 morts dans le monde depuis l’apparition de la maladie fin décembre 2019, selon un bilan établi par l’OMS. Plus de 14,3 millions de cas ont été officiellement diagnostiqués dans 196 pays et territoires. Les États-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec au moins 139 468 décès pour plus de 3,6 millions de cas recensés. Après les États-Unis, les pays les plus touchés sont le Brésil avec au moins 78 772 morts pour au moins 2 074 860 cas, le Royaume-Uni avec plus de 45 300 morts (au moins 294 792 cas), le Mexique avec plus de 38 888 morts (au moins 338 913 cas), l’Italie avec plus de 35 045 morts (au moins 244 434 cas) et la France avec au moins 30 152 décès (au moins 174 674 cas).