Le Forum mondial en appelle à la formation des jeunes aux métiers de l’eau

Aux assises internationales consacrées au secteur, le continent africain est souvent sur le banc des accusés. On reproche à ses États de ne pas respecter leurs engagements, notamment ceux liés à l’information et à la formation. 

 

Plus qu’un droit humain, l’accès à l’eau est devenu un enjeu mondial. Certains scientifiques n’hésitent pas à dire que la Troisième Guerre mondiale sera celle de l’eau. Et les pays qui en possèdent en grandes quantités comme le Congo, sont dans la ligne de mire de ceux qui sont à sec. Le Forum mondial de l’eau cherche justement à mobiliser la communauté internationale pour répondre aux défis en cours et à venir. Depuis 2008, décrétée année internationale de l’assainissement, des efforts immenses ont été déployés pour améliorer l’accès à l’eau, notamment à l’eau potable, et l’assainissement a acquis une importance considérable. Mais ce n’est pas suffisant en Afrique où l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), fin 2015, ne sera pas à l’ordre du jour. À moins que les efforts financiers consentis ne soient multipliés.

Pourtant, les engagements politiques des décideurs africains se sont multipliés depuis 2008. L’Afrique affiche aujourd’hui un niveau d’engagements politiques sans précédent pour le secteur de l’eau. Mais le Forum mondial en appelle à la formation des jeunes aux métiers de l’eau.

Engagements non tenus

Le renforcement des capacités des acteurs de l’eau et de l’assainissement dans les pays du Sud est l’une des préoccupations majeures de la plate-forme de réflexion au niveau mondial. D’après Jean-Pierre Elong Mbassi, le directeur exécutif de Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique, les besoins de formations sur les métiers de l’eau sont énormes, en particulier au sein des organes techniques des collectivités locales en charge du développement des services d’eau et d’assainissement.

Pourtant, une offre de formation existe : formation au métier de chercheurs de fuites (Société des eaux de Marseille), master Eau pour tous (AgroParisTech), formation des techniciens et des ingénieurs (Office international de l’eau)… En particulier, l’OIEau appuie, depuis 2008, la création de centres de formation technique dans différents pays (Mexique, Algérie, Arabie Saoudite, Pologne) et des centres regroupés depuis 2008. Par ailleurs, le Réseau international de centres de formation aux métiers de l’eau apporte des solutions adaptées aux besoins locaux. Le réseau Projection qui regroupe de jeunes professionnels du secteur oeuvrant sur le terrain, souligne la nécessité de ne pas limiter le renforcement des capacités à de simples formations thématiques ponctuelles. Il propose des appuis aux services techniques municipaux qui s’inscrivent dans le long terme afin de compléter efficacement les compétences acquises dans le cadre des formations initiales et continues.

Droit reconnu

La question du droit à l’eau pour les plus pauvres est également l’une des grandes préoccupations du Forum. À partir de cinq expériences (Afrique, Amérique latine et Asie du Sud), le réseau d’organisations de la société civile, Freshwater Action Network, témoigne de l’impact de la reconnaissance du droit à l’eau sur l’accès des populations les plus pauvres aux services d’eau potable. « La reconnaissance constitutionnelle du droit à l’eau permet indéniablement aux populations de faire pression sur les acteurs responsables du service (gouvernements nationaux et locaux) et de ceux en charge de sa fourniture (compagnies publiques ou privées) afin d’obtenir une amélioration des conditions d’accès à l’eau potable », explique Lucien Mateso, un altermondialiste congolais qui a participé aux assises du Forum mondial de l’eau.

Néanmoins, dans les pays du Sud, précise-t-il, l’application concrète du droit à l’eau se heurte régulièrement au manque de volonté politique et à la faiblesse des moyens financiers locaux et nationaux. « Le droit à l’eau est finalement un support sur lequel les usagers peuvent s’appuyer pour interpeller les décideurs et rappeler leurs obligations.

Pour aboutir, une telle démarche doit s’appuyer sur une mobilisation massive, moyennant, notamment, des actions de plaidoyer qui nécessitent au préalable l’information et l’organisation des usagers », préconise Lucien Mateso.

WaterAid mène une campagne de sensibilisation illustrée par des expériences en Inde, en Afrique du Sud et au Nigeria.

Elle permet de montrer ce que représente l’importance du droit à l’assainissement. Le cas des Safai Karamcharis, en Inde, est particulièrement édifiant pour montrer la dégradation de la dignité humaine que représente la fonction de ramasseur d’excréments humains, métier qui n’est plus acceptable au XXIème siècle. L’accès à l’eau et à l’assainissement devient alors une question vitale. Les contraintes logistiques (fournir un accès à l’eau et l’assainissement dans un délai extrêmement court) ou sécuritaires (zones de conflits militaires et d’instabilité politique) ont besoin d’une expertise spécifique.