Les marchés fléchissent face aux incertitudes

Les investisseurs semblent plus prudents que jamais. Certes, le nouveau président américain vient de lancer son gigantesque plan de relance, mais la nouvelle était déjà largement intégrée dans les cours.

LA PHASE de respiration indicielle débute et elle ne surprend personne. Elle était d’ailleurs attendue par une grande majorité des intervenants qui ont eu l’occasion de mettre en place des stratégies d’assurances peu coûteuses grâce à un niveau de volatilité bas. Néanmoins, toutes les tentatives de repli pourraient trouver rapidement des ralentisseurs, pensent des observateurs, d’autant plus que les politiques monétaires et budgétaires, au niveau mondial, devraient rester stables sur le long terme.

Indices

Malgré les nouveaux records de Wall Street et le maintien de la politique monétaire accommodante de la Banque centrale européenne (BCE), les places européennes ont fait grise mine en fin de semaine dernière, toujours préoccupées par l’expansion de la pandémie. Les mesures de restrictions tendent à s’accroître à travers le globe, laissant craindre une nouvelle phase de confinement et une dégradation des perspectives économiques. La volatilité fait peu à peu son retour, témoignant d’un regain de nervosité de la part des intervenants.

Sur la semaine écoulée, le Nikkei a poursuivi son ascension, grappillant 0.4 % sur les cinq dernières séances, le Hang Seng s’est adjugé 2.9 % et le Shanghai Composite 1.1 %. En Europe, le CAC40 a enregistré une perte hebdomadaire de 1. % alors que le Dax a gagné 0.6 %. Le Footsie a cédé 0.7 % alors que le Royaume-Uni reste confiné. Pour les pays périphériques de la zone euro, l’Italie a reculé de 1.3 %, l’Espagne a perdu 2.5 % et le Portugal 0.4 %.

Outre-Atlantique, l’investiture de Joe Biden comme le 46è président des États-Unis, son programme de relance de 1 900 milliards de dollars et quelques bons résultats d’entreprises ont soutenu la tendance. Vendredi 22 janvier à la clôture, le Dow Jones a conservé une avancée de 0.4 %, le S&P500 a grimpé de 1.7 % et le Nasdaq100 a performé de 4.2 %.

Concernant le marché des actions, la semaine dernière, le projecteur a été mis sur Somfy. Ce groupe basé en Haute-Savoie accomplit un parcours boursier très qualitatif et possède un excellent rating dans notre screener. C’est un groupe international présent dans près de 60 pays et leader mondial de l’automatisation des ouvertures et fermetures de la maison et du bâtiment. Présent sur de nombreux postes de la chaîne de valeurs (conception, fabrication, commercialisation), son chiffre d’affaires se répartissait comme suit en 2019 : 84 % sur la zone Europe, Moyen-Orient, Afrique et près de 16 % en Asie et en Amériques.

Selon les prévisions des analystes, le groupe devrait augmenter son chiffre d’affaires en 2021 et en 2022, respectivement de 6.7 % et de 5.7 % et maintenir une marge d’EBITDA de 22 % pour les deux années à venir. La capacité d’autofinancement de l’entreprise laisse présager une bonne gestion financière et d’une résilience en période d’incertitude compte tenu de l’année de crise qui vient de s’écouler. Le titre réalise de belles performances avec une hausse de 70 % sur un an glissant, cumulant ainsi plus de 318 % des gains sur la dernière décennie, le tout avec une liquidité restreinte puisque le volume moyen d’échanges se situe autour de 1 million d’euros par jour. Quant au marché obligataire, les marchés européens des obligations d’État ont globalement connu des parcours similaires avec des rendements orientés à la hausse. Les taux italiens ont enregistré une légère pression (0.67 % pour le dix ans), avec un élargissement du spread sur le Bund (-0.44 %), le moteur étant la phase d’instabilité politique qui persiste à Rome. Un soutien ciblé de la BCE aux obligations les plus risquées de la région permet cependant de limiter cette pression sur la dette transalpine.

Marché des changes

Toujours en Europe, la tendance haussière des rendements se vérifie également sur l’OAT française (-0.22 %) et sur les pays méditerranéens, avec le Portugal et l’Espagne qui voient leur taux s’écarter du zéro symbolique (0.12 % et 0.08 %). La France a même vu son emprunt de 7 milliards d’euros sur 50 ans à 0.50 % sursouscrit plus de 10 fois. Aux États-Unis, les acteurs du marché tiennent déjà compte d’une politique fiscale américaine plus accommodante, comme en témoignent l’augmentation des rendements du Tbond (1.1 %) et la hausse des attentes en matière d’inflation.

La volatilité ne s’est pas réellement manifestée sur le marché des devises malgré une actualité très fournie. Après une tentative de reprise, le dollar a cédé à nouveau du terrain face à la plupart des paires du groupe des 10, suite à l’intervention de Janet Yellen qui a fait valoir que les faibles taux d’intérêt offraient une possibilité de stimuler l’économie américaine. 

Le couple majeur EUR/USD connaît un léger redressement depuis la ligne des 1.2050 pour se traiter au-delà des 1.2160 dollars. Cette faiblesse du billet vert se vérifie également contre le yen à 103.5 JPY, enregistrant ainsi une baisse de 600 points de base depuis 6 mois contre la devise nippone. La monnaie unique conserve une certaine résilience face à ses principales contreparties malgré les déboires politiques en Italie. Pays où la marge de manœuvre risque d’être singulièrement étroite, alors que Rome doit affronter sa plus grave récession économique depuis l’après-guerre.

Les devises liées aux matières premières gardent un cap haussier, à l’image du huard (dollar canadien) d’autant plus que la Banque centrale canadienne a décidé de garder son taux d’intérêt constant à 0.25 % et de renouveler ses rachats d’actifs à 4 milliards de CAD par semaine. Outre-manche, la livre maintient sa tendance haussière face au billet vert et se négocie à 1.37 GBP, un plus haut de trois ans pour le câble.

À propos des statistiques économiques, les données macroéconomiques étaient globalement positives dans les différentes zones géographiques. En Chine, la production industrielle a dépassé les attentes (+7.3 %) mais les ventes au détail progressent de 4.6 %, un peu moins que prévu (consensus 5.5 %). Le chômage est resté stable à 5.2 %. En zone euro, peu de chiffres étaient au programme. L’indice Zew allemand était meilleur que prévu à 61.8 tout comme les indices PMI manufacturier et services européens, à respectivement 54.7 et 45. 

Pour les États-Unis, l’indice PhillyFed ressort à 26.5 (consensus 11.2), les inscriptions hebdomadaires au chômage retombent à 900K (926K la semaine passée) et les permis de construire ainsi que les mises en chantier ont dépassé les attentes, tout comme les indices Flash PMI manufacturier et services (59.1 et 57.5).